L’histoire des rêves

Dans les civilisations antiques, les rêves étaient considérés comme des messages envoyés par les dieux, des prophéties que seuls certains hommes, « des élus », étaient capables d’interpréter. Du Moyen Âge jusqu’au XIX siècle, le rêve est soit diabolisé, c’est à travers lui que s’expriment les forces du Mal soit limité à l’univers onirique qui le définit, alors apanage des romantiques et autres poètes…

Dans certaines sociétés, les rêves font partie de la culture chamanique. Ils sont le lien entre le rêveur et le monde extérieur et accompagnent les rites de passages. Dans nos sociétés occidentales, ce n’est qu’au début du XX siècle, grâce aux travaux de Freud et Jung, que les rêves et leur interprétation deviennent des outils pour explorer l’inconscient.

Qu’appelle-t-on un rêve ?

Véritable « respiration mentale », les rêves sont ces images symboliques qui envahissent nos nuits, à notre insu. Expérience vécue par tous, êtres humains comme animaux, ils sont indispensables à notre équilibre psychologique Pourtant, ils n’existent que dans l’esprit du rêveur, unique témoin de cet univers, et ne se révèlent qu’au travers des souvenirs et des récits que l’on en fait.

L’univers des rêves

Agréables, angoissants, sensuels, insolites, sans queue ni tête ou aux frontières de la réalité, les rêves, ces images qui accompa­gnent la plupart de nos nuits, ont toujours fasciné les hommes. Simple illustration de notre quotidien ou véritable épopée qui nous transporte et nous bouleverse, notre univers onirique s’avère riche de sens et d’enseignement pour qui sait l’écouter et le comprendre.

L’inconscient : individuel et collectif

L’inconscient individuel

Il fait référence à tout ce qui nous est pro­pre, notre histoire, notre personnalité, nos goûts. Ainsi, certains symboles, selon la manière dont nous les considérons, seront soit rassurants, soit franchement désagréa­bles ! Le chat, par exemple, pourra être un signe amical pour certains, alors qu’il repré­sentera une menace pour d’autres.

L’inconscient collectif

Cette notion va bien au-delà de l’individu et touche au caractère universel de l’Homme, à la mémoire collective de l’humanité. Il se manifeste au travers de symboles forts, qui parlent à tout un chacun, quels que soient les continents, les âges, les cultures : l’eau ou le feu, la jeunesse ou la vieillesse, l’ani­mal ou le végétal, le ciel ou la terre…

Dimension sociologique des rêves

La symbolique, et donc l’interprétation des rêves, avant d’être individuelle, est aussi sociologique. L’époque à laquelle nous appartenons, la société dans laquelle nous vivons, notre culture, notre religion, nos croyances conditionnent le sens que nous donnons à nos rêves. Et certains symboles, positifs, voire divins dans une société, seront néfastes et malfaisants dans une autre.

En psychanalyse : l’animes et l’anima

Chacun de nous possède une identité psychique opposée, féminine ou masculine. L’Animus désigne la part de masculinité chez une femme, matérialisée par des facultés comme la prise de décision, l’action, la logique, l’affirmations de soi…

L’ Anima, à l’opposé, représente chez l’homme la part de féminité, celle à travers de laquelle s’exprime la sensibilité, la créativité, l’imagination, les émotions…

Selon les symboles qui apparaissent dans les rêves, l’Animus ou l’Anima peuvent se révéler de manière négative ou positive

Quand rêve-t-on ?

Le sommeil est constitué de plusieurs cycles, qui durent en moyenne 1 h 30. Une nuit comporte donc 3 à 6 cycles, selon les besoins de chacun. Chaque cycle est divisé en 5 grandes phases, au cours desquelles notre cerveau émet différents types d’ondes.

  • L’endormissement (assoupissement et somnolence) : le cerveau se ralentit, le tonus musculaire et la fréquence cardiaque diminuent Nous entrons progressivement dans un sommeil léger.
  • Le sommeil léger : cette phase occupe environ 50 % du temps d’un cycle de sommeil.
  • Le sommeil profond et très profond : le cerveau fonctionne au ralenti. Ce sont les deux phases les plus importantes physiologiquement au cours desquelles nos cellules se régénèrent. Elles représentent 20 à 30 % du temps de sommeil.
  • Le sommeil paradoxal : il occupe 20 % du temps de sommeil. C’est la phase des rêves. Le cerveau, ainsi que certains organes (yeux, cœur poumons…) connaissent une activité importante. Cette phase revient par cycle toutes les 90 minutes.

La phase de sommeil paradoxal

On appelle la phase de sommeil pendant laquelle se déroulent les rêves phase de som­meil paradoxal, car l’activité physique (mus­cles, organes, respiration) ainsi que l’activité électrique du cerveau sont plus proches de l’état de veille alors que, paradoxalement, le sommeil est extrêmement profond. Elle s’allonge progressivement au fur et à mesure de la nuit, pour être plus importante dans les derniers cycles. Si cette phase représente 20 % du temps de sommeil, la durée d’un rêve, elle, se compte… en secondes !

Astuces pour mémoriser ses rêves

  • Respectez vos cycles de sommeil : si vous prenez l’habitude de vous réveiller à la fin d’un cycle, vous sortirez naturellement de votre sommeil, peu après la phase de sommeil paradoxal, et vos rêves vous reviendront plus facilement.
  • Programmez votre mémoire : au moment de vous endormir, programmez votre cerveau et répétez-vous plusieurs fois : « Demain, je me souviendrai de mes rêves ».

Votre ressenti au matin

Au cours de votre rêve, étiez-vous effrayé(e) ou ressentiez-vous de la joie, de la plénitude ? À votre réveil, étiez-vous soulagé(e) ou mal à l’aise ?

Au-delà des symboles et des situations que vous vivez en rêve, prêtez attention à ce que vous ressentez, aux sentiments que déclenche votre rêve. Ainsi, un rêve sévèrement jugé par la conscience (« J’ai honte d’être heureux de la mort de cette personne »), peut s’ avérer, après analyse, très positif : vous avez enfin « tué » une personne, un événement, la part de vous-même qui entravait votre personnalité !

Significations des rêves

Les rêves peuvent être :

  • Le reflet de notre existence : ils sont l’interprétation de notre quotidien, tel qu’il est, ici et maintenant.
  • L’expression d’un événement « ina­perçu » : ils représentent un non-dit, une émotion refoulée, un fait dont nous n’avons pas pris conscience.
  • Le résultat d’un « conflit » personnel : le rêve exprime alors notre personnalité pro­fonde, ce que nous refusons de voir, ce qui est enfoui au fond de nous, ce dont nous avons besoin.
  • L’expression de notre inconscient seul : très forts, détachés de toute réalité, ces rêves s’expriment au travers de grands symboles universels et échappent au « filtre » de la conscience.
  • Une réponse liée au corps : ces rêves sont conditionnés par des transformations physiologiques (cycle menstruel, puberté…) ou influencés par les sens (position du corps, température, bruit extérieur…).

Les grands rêves

Rares, mais extrêmement puissants d’un point de vue symbolique et énergétique, les grands rêves nous marquent profondément et peuvent véritablement nous « transformer ». Sans logique aucune, ils sont souvent bouleversants, physiquement ou émotionnellement  Ce sont des rêves que l’on raconte et que l’on ne peut pas garder pour soi. Dans certaines sociétés, ils sont considérés comme des messages envoyés par les dieux pour guider les hommes.

Ces rêves n’emploient qu’un langage universel et l’on y retrouve toujours de grands symboles et des concepts forts, comme les rêves héroïques, les voyages et traversées, la naissance ou la mort… Tant au travers des images que par l’interprétation que l’on en fait, ces grands rêves marquent souvent un véritable tournant dans l’existence, en laissant apparaître, plus que notre vraie personnalité  une forme de destinée individuelle.

Les autres formes de rêve

Les cauchemars et terreurs nocturnes : 

Les cauchemars sont des manifestations anxieuses intenses qui ont lieu au cours du sommeil paradoxal alors que les terreurs nocturnes surviennent en phase de sommeil profond (lent). Signes de conflits internes, les cauchemars sont également liés à des causes externes (excitants, médicaments, stress post-traumatique…).

Les rêves récurrents : 

Ce sont des rêves qui reviennent régulière­ment ou à des périodes précises, soit sous la même forme (rêve identique), soit avec des symboles différents mais qui ont la même signification.

Les rêves au pseudo-seuil de la réalité : 

Ces rêves se produisent généralement à un niveau élevé de conscience (sommeil léger). Il s’agit de perceptions sensorielles, stimu­lées par des éléments extérieurs. Par exem­ple, rêver d’une cascade… alors que votre conjoint est sous la douche !

Les rêves obsédants : 

Rares, ces rêves sont considérés comme pathologiques. Le rêveur n’arrive plus à dis­tinguer le rêve de la réalité et agit de manière absurde ou inappropriée à son réveil.